référence : http://wwwusr.obspm.fr/commissions/cjc/arc/obsdoc/2004-03/msg00004.html
     Chronologie       
     Conversation       

[obsdoc] Fwd: lettre des JC expatries Yael FUCHS



	Bonjour,
	
	Les jeunes chercheurs expatries se bougent: une lettre et bientot un 
site web... A lire, ci-dessous. Pour des infos sur la liste "hd-expats" cf :
http://guilde.jeunes-chercheurs.org/Listes/

		Yael Fuchs

----- Original Message ----- 
From: "J.-F. Moyen" 
To: <hd-expats@jeunes-chercheurs.org>
Sent: Monday, March 01, 2004 9:11 AM
Subject: Une lettre...


> Bonjour tout le monde,
>
> Un groupe de "jeunes chercheurs expatriés" a pris l'initiative d'écrire une
> lettre ouverte à l'attention du Président de la République, qui a été
> publiée dans le "figaro" de Samedi (28 fevrier). 
> Vous en trouverez le texte en annexe,
> le lien vers l'article du fig' (jusqu'à ce soir) est :
>
> http://www.lefigaro.fr/debats/20040227.FIG0265.html
>
>
> D'ici peu, nous vous proposeront de venir vous associer à cette lettre et
> la signer avec nous ... dès que nous auront fini de mettre en place le site
> web kivabien. Vous pouvez, d'ores et déjà, joindre les auteurs à
>
> collectif.des.expats@free.fr
>
> mais nous vous proposons d'utiliser la liste HD-expats, ici présente, comme
> lieu de discussion.
>
> Amitiés,
>
>          JF pour les signataires
>
> ---------------------------Texte publié dans le fig'
> ------------------------------------------
> Monsieur le Président de la République,
>
> Bien que coûteuse et à risque, la recherche est une activité indispensable
> à l'économie d'une nation. Un pays ne peut maintenir un développement
> économique durable, une industrie innovante de pointe et un rayonnement
> international sans un secteur de recherche vaste et puissant.
>
> Alors qu'une mobilisation sans précédent en France fédère de nombreux
> chercheurs contre la politique d'abandon de la recherche publique pratiquée
> par votre gouvernement, nous souhaitons rappeler qu'une part importante du
> potentiel humain de recherche français travaille actuellement à l'étranger.
> A la suite de leur thèse, de nombreux docteurs de notre génération, formés
> en France, acquièrent ainsi une expérience professionnelle internationale,
> dite «post- doctorale». L'accueil fait aux jeunes scientifiques français
> par de nombreux pays, notamment les Etats-Unis, mais aussi le Japon ou nos
> voisins européens, souligne les qualités de notre formation. Cependant
> notre expérience, acquise notamment lors de ces nombreuses collaborations
> internationales, ne profitera pleinement à la France que si notre
> savoir-faire est rapatrié.
>
>
> L'absence d'engagements fermes et à long terme de l'Etat pour la recherche
> publique favorise le départ progressif, non seulement de chercheurs à
> l'origine de progrès scientifiques et techniques, mais aussi des industries
> de pointe et de leurs centres de recherche, qui ont besoin d'une recherche
> fondamentale forte ; cela détruit des milliers d'emplois dans notre pays.
> La France, si elle ne réagit pas, va très rapidement perdre sa
> compétitivité sur de nombreux marchés clefs, et elle se condamne à ne
> garder que des emplois répondant à des services de proximité évidemment
> nécessaires, mais insuffisants pour son développement. Faute d'offrir un
> cadre attractif et dynamique à la recherche et l'innovation, elle voit
> partir son meilleur atout, son potentiel humain.
>
> Quatre cent mille Européens travaillent actuellement aux Etats-Unis dans le
> secteur de la recherche et du développement (1). D'ici à 2010, les
> Etats-Unis prévoient de recruter sept cent mille chercheurs de plus et les
> budgets de recherche y sont en constante augmentation. Les rapports rédigés
> pour votre gouvernement le disent, M. le Président, «la France arrive, en
> 2000, au 2erang derrière l'Allemagne pour la présence de jeunes
> scientifiques venant d'obtenir leur diplôme et s'expatriant aux Etats-Unis,
> avec environ 3 000 chercheurs» (2).
>
>
> Nous avons été formés dans les écoles, les lycées et les universités
> français et, pour grand nombre d'entre nous, nous avons fait notre thèse au
> sein de laboratoires français. Notre pays a largement investi dans notre
> formation, et il serait normal qu'il bénéficie de nos compétences. La
> France peut-elle se permettre le luxe de former des docteurs qui iront
> faire fonctionner les laboratoires étrangers (le rapport Cohen-LeDéault
> estime à environ 130 000 euros le coût de formation d'un docteur) ?
>
> La recherche française est actuellement à un tournant : de nombreux
> chercheurs et enseignants-chercheurs de laboratoires publics partent à la
> retraite et sont remplacés par des emplois à durée déterminée. Les
> chercheurs ont pourtant montré, par la qualité et les débouchés de leurs
> travaux, la valeur du modèle français d'emplois pérennes. S'il est utile
> d'avoir un volet d'emplois temporaires complémentaire, si des réformes sont
> indiscutablement nécessaires au niveau du recrutement, de l'évaluation et
> de la gestion des carrières, supprimer cet atout de notre système enlève
> l'une des principales raisons que des chercheurs français ou étrangers
> peuvent avoir à s'établir en France, en dépit de salaires et des conditions
> de vie inférieures. Le risque est grand de détourner encore plus les jeunes
> générations des carrières scientifiques.
>
>
> Par ailleurs, la recherche et l'enseignement supérieur sont étroitement
> liés, car une grande partie de la première est effectuée par les
> enseignants-chercheurs dans des instituts et des laboratoires à tutelle
> mixte organisme de recherche et établissement d'enseignement supérieur. Dès
> lors, le désintérêt des jeunes chercheurs pour les métiers de la recherche
> fragilisera inéluctablement la qualité de la formation proposée dans
> l'ensemble du supérieur, ce qui en aval portera atteinte au potentiel
> humain des entreprises et des administrations. Notre capacité à appréhender
> les crises politiques et sociales a également besoin d'une recherche
> dynamique en sciences humaines et sociales. Ainsi, à terme, c'est
> l'intégralité du système éducatif qui risque de s'effondrer car, de l'école
> maternelle au lycée, les enseignants sont majoritairement formés à
> l'université.
>
> Monsieur le Président, au-delà de la menace sur les professions de
> chercheur et d'enseignant-chercheur, il s'agit de la richesse
> intellectuelle et de la compétitivité future de notre société, et de sa
> capacité à faire face à la complexité du monde.
>
>
> Souhaitez-vous laisser l'image d'un président complice de la destruction du
> rayonnement intellectuel de notre pays ? Nous sommes persuadés que réduire
> les dépenses de recherche ne pourra qu'aggraver le retard économique de la
> France. Le résultat de ces économies de bouts de chandelle est la
> disparition d'emplois hautement qualifiés, qui ne peut qu'immobiliser un
> peu plus notre pays, incapable alors de saisir les chances offertes par les
> découvertes. Cette situation n'est pas irréversible, Monsieur le Président,
> mais nécessite la mobilisation rapide de moyens financiers et de plans
> d'actions pour redynamiser la recherche scientifique.
>
> Les chercheurs sont prêts à remettre en question les habitudes prises au
> cours des dernières décennies : les réflexions menées par le collectif
> «Sauvons la recherche» en sont la preuve. C'est une chance à saisir pour
> assurer l'avenir de notre pays. Nous devons créer de façon durable les
> environnements scientifiques, logistiques et financiers propices au
> développement et à la création des entreprises de haute technologie en
> France. Nous devons aussi promouvoir l'emploi des docteurs en dehors de la
> recherche académique, tant dans les entreprises que dans l'administration.
> Partout dans le monde anglo-saxon, le docteur d'université est un cadre
> créatif et efficace, pourquoi pas en France ? Il faudrait pour cela que le
> titre de docteur soit reconnu dans les conventions collectives et dans la
> haute fonction publique, d'autant que l'harmonisation européenne en cours
> nous y incite.
>
>
> L'Europe est le cadre nouveau dans lequel la recherche française doit
> implanter son développement. Nous soutenons vigoureusement le souhait de la
> Commission européenne de doubler son effort de recherche et développement.
> Cependant cela ne doit pas être un prétexte pour réduire d'autant le budget
> national de recherche. Cela doit être au contraire l'occasion d'investir de
> nouveaux moyens en France pour accompagner l'intégration des instituts
> français dans la construction de l'Europe de la recherche.
>
> La France est notre pays, celui de nos racines, de notre culture, de nos
> proches, pour certains d'entre nous aussi de notre conjoint et de nos
> enfants. Notre voeu le plus cher serait de trouver, en France, un poste
> d'avenir, qui nous offre des défis à relever, associés à une perspective de
> carrière. Malheureusement, à l'heure actuelle, rien ne nous laisse supposer
> que cet espoir puisse un jour se concrétiser. Aujourd'hui, expatriés dans
> différents pays, nous vous posons ces questions : pourquoi préparer un
> retour en France, alors que le nombre des recrutements de jeunes chercheurs
> est en forte diminution, les conditions de travail souvent déplorables et
> les salaires beaucoup plus faibles ? Pour se battre à longueur d'année,
> afin d'obtenir des crédits qui seront ensuite annulés sur décision
> gouvernementale ?
>
>
> Le plus raisonnable ne serait-il pas de se résigner à faire carrière à
> l'étranger, assurés d'y trouver un poste accompagné de moyens de travail
> décents, avec des perspectives de carrière à long terme et un salaire nous
> permettant d'envisager quelques vacances en France ? Devons-nous continuer
> à nous battre et à nous user pour tenter, coûte que coûte, de rentrer dans
> un système français dont le seul avantage à nos yeux actuellement est de
> nous permettre de vivre dans notre pays d'origine ?
>
> Monsieur le Président, si la crise actuelle n'est pas transformée en
> tremplin pour l'activité de recherche de notre pays, alors les prochaines
> ruptures technologiques nous placeront du mauvais côté de la «fracture»
> face à l'Asie et aux Etats-Unis. Hors de toute considération partisane,
> Pierre Mendès France et Charles de Gaulle avaient reconnu la priorité
> absolue de la recherche scientifique, pour la grandeur, le progrès et le
> prestige national, et donné à la recherche française les moyens de son
> expansion.
>
> Nous refusons le choix qui nous est proposé : se résigner à quitter
> définitivement notre pays ou abandonner notre métier. Mais au- delà de ce
> dilemme, monsieur le Président, nous souhaitons vous poser cette question :
> quel avenir souhaitez-vous construire en France pour les générations 
futures ?
>
> (1) Selon Time Magazine (19 janvier 2004). (2) Académie des technologies,
> Avis remis à Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Recherche et aux
> Nouvelles Technologies, Rapporteur : Danièle Blondel, le 18 décembre 2003.
>
>
>
>
> Signataires : Des expatriés de la recherche française: Damien Baigl,
> physico-chimiste, université de Kyoto (Japon); Cyril Berthet, biologiste,
> National Cancer Institute, Frederick (Etats-Unis); Guillaume Bonello,
> astrophysicien, Istituto di Astrofisica Spaziale e Fisica Cosmica, Rome,
> (Italie); Christophe Colas, biologiste, Theravance Inc, South San
> Francisco, (Etats-Unis); Fabienne Goldfarb, physicienne, Institut für
> Experimentalphysik, Vienne (Autriche); Arnaud Grégoire, biologiste,
> Universiteit van Stellenbosch (Afrique du Sud); Etienne Herzog, biologiste,
> Max Planck Institut für experimentelle medizin, Göttingen, (Allemagne);
> Nicolas Legrand, biologiste, Academic Medical Center, University of
> Amsterdam (Pays- Bas); Marc Lemonnier, biologiste, Centro de
> Investigaciones Biol"gicas (CSIC), Madrid (Espagne); Jean-François Moyen,
> géologue, Universiteit van Stellenbosch, (Afrique du Sud); Yves Nomine,
> biologiste, Mayo Clinic, Rochester (Etats-Unis); Hervé Perdry,
> mathématicien, Universidad de Cantabria, Santander (Espagne); Latif Rachdi,
> biologiste, The Rockefeller University, New York, (Etats-Unis); Marc
> Reinholdt, chimiste, University of Illinois at Urbana-Champaign, Urbana
> (Etats-Unis); Vincent Rossetto, physicien, Max Planck Institut für physik
> komplexer systeme, Dresde (Allemagne); Frank Yates, biologiste, Children's
> Hospital, Boston (Etats Unis). Collectif.des.expats@free.fr
>
>
>   --
> Dr. J.-F. Moyen
> http://moyen.free.fr
> Dept of Geology -- University of Stellenbosch
> Private Bag X1
> 7602 Matieland, South Africa
> Fax: (27) (21) 808 3129, phone (27) (21) 808 3126
>
>



------------- End Forwarded Message -------------



Liste OBSDOC de la Commission Jeunes Chercheurs (CJC) :
-------------------------------------------------------
OBSDOC E-mail   : mailto:obsdoc@opserv.obspm.fr
OBSDOC Archives : http://wwwusr.obspm.fr/commissions/cjc/arc/obsdoc/
CJC E-mail : mailto:Commission.Jeunes-Chercheurs@obspm.fr
CJC URL    : http://www.obspm.fr/cjc