référence : http://wwwusr.obspm.fr/commissions/cjc/arc/obsdoc/2001-07/msg00016.html
[obsdoc] article Le Monde 03/07/01 : situation de la recherchefrançaise Reza Samadi
Bonjour a tous,
voici un article (que vous avez peut-etre deja lu) paru dans Le Monde 03/07/01,
au sujet la situation de la recherche europeenne et notamment francaise.
Il nourrit les arguments pour une valorisation de la recherche et tombe a point
dans la campagne de revalorisation du status des doctorants.
Reza
--------------------------------------------------------
IV/ LE MONDE / MARDI 3 JUILLET 2001 FOCUS
La situation de la recherche française, mal placée dans le peloton
européen, est alarmante
BRUXELLES, de notre envoyée spéciale
"Bruxelles vient de rendre publics les premiers indicateurs évaluant
les politiques nationales de recherche au sein de l'Union, L'Hexagone
est en très mauvaise position"
0n avait déjà souvent, dans le passé, tiré la sonnette d'alarme quant
à la position de la France en matière d'utilisation des nouvelles
technologies. Mais on croyait encore à une image positive de la
recherche française. La batterie d'indicateurs rendue publique le 26
juin à Luxembourg, par Philippe Busquin, commissaire à la recherche, à
l'occasion du conseil recherche, infirme cette idée. Selon ce rapport,
aboutissement du travail d'un "groupe de haut niveau" réunissant des
experts de chaque Etat membre, la situation européenne apparaît à de
nombreux égards inférieure à ce qu'elle est aux EtatsUnis. Et, au sein
des Quinze, la France est très souvent mal placée, mettant en évidence
une situation inquiétante.
Ces indicateurs présentent en effet non seulement l'état actuel de la
recherche, de son financement, dans les quinze pays mais aussi son
évolution récente. Or, pour les quelques indicateurs où la France
apparaît en plutôt bonne position par rapport à la moyenne, la
tendance est à la baisse ; et il en est de même pour ceux reflétant
une situation déjà mauvaise, ce qui ne peut donc que noircir le
tableau des années à venir.
La France se situe ainsi en bonne position quant au nombre de ses
chercheurs pour 1 000 habitants. Estimé à 6,14 ce chiffre est certes
inférieur à celui des Etats-Unis (8,08), mais supérieur à celui de la
moyenne européenne (5,28). Mais, tendanciellement, cette bonne
position pourrait ne plus être valable longtemps; puisque la
croissance du nombre de chercheurs n'est que de 1,22 % par an en
France, contre 2,89 %, en moyenne, pour le reste de l'Union européenne
(et 6,21 % aux Etats-Unis). Il en est de même pour tous les paramètres
indiquant une situation de la France supérieure à la moyenne : qu'il
s'agisse du nombre de doctorats pour 1 000 habitants qui décroît de
plus de 7 % annuellement en France alors qu'il augmente en moyenne
chez les Quinze. Ou de la dépense en recherche et développement
ramenée au produit intérieur brut (ratio qui diminue en France, alors
qu'il augmente dans tous les autres pays). Ou encore des exportations
de produits de haute technologie.
Ainsi, le financement public de la recherche qui était globalement un
point fort de la France, s'érode. Et, cette érosion est
particulièrement forte en ce qui concerne la part allouée aux petites
et moyennes entreprises. Les aides qui leur sont consenties diminuent
globalement de 9,51 % annuellement, alors que la France était déjà un
pays particulièrement peu généreux pour cette catégorie d'entreprises,
comparé aux politiques de la plupart des autres pays européens.
Le financement privé de la recherche, qui était en revanche un point
faible traditionnel de la France, n'apparaît pas comme devant prendre
le relais pour compenser ainsi la baisse des crédits publics. La
croissance des fonds privés destinés au financement de la recherche
n'augmente annuellement que de 3,48 % en France soit nettement moins
que la moyenne européenne (4,86 %) et encore moins qu'aux Etats-Unis
(8,21 %), pays qui affiche déja un financement privé de la recherche
nettement supérieur à ce qu'il est en Europe. Les écarts se creusent.
Même constat en ce qui concerne le nombre de brevets déposés ; la
France, qui dépose moins de brevets que la moyenne des pays européens,
connaît la plus faible croissance en ce domaine. Même situation pour
le nombre d'articles fréquement cités dans la presse scientifique.
On trouve néanmoins quelques rares exceptions à la règle. Le
capital-risque se développe en Europe en général et en France
particulièrement. Outre l'environnment économique favorable, les
avantages fiscaux attachés aux investissements réalisés dans des
firmes innovantes (fonds communs de placement recherche et innovation
FCPR et FCPI) ont porté leurs fruits.
En matière de coopération, la France est aussi bien placée, qu'il
s'agisse de coopérations entre firmes, ou entre des firmes et des
universités ou des instituts de recherche publique. A défaut de faire
soimême, la recherche française active ses réseaux.
Au ministère français de la recherche, on tente de relativiser ces
résultats. Certes " les chies ne sont pas bons ", reconnaît-on. Mais
la période étudiée (jusqu'en 1999, pour la plupart des données) serait
particulièrement défavorable. "Si l'on refaisait le même exercice pour
2001, les tendances ne seraient plus les mêmes", affirme-t-on. Le
budget civil de recherche et développement (BCRD) augmente de 2,2 % en
2001, avec une volonté affichée de renforcer l'embauche de chercheurs
et de donner plus de moyens aux établissements publics de recherche,
entre autres.
L'effort sera-t-il suffisant pour inverser la tendance ? Une autre
étude présentée le 26 juin à Paris, par Maximilian von Zedtwitz,
professeur à l'1MD (Lausanne), à (occasion d'un séminaire sur la
gestion internationale de l'innovation et de la recherche, organisé
par l'Institut français des relations internationales (IFRI) permet
d'en douter. Ce chercheur a dressé une mappemonde des centres de
recherche dans le monde.
Cinq régions y apparaissent, qui regroupent 75 % de la recherche
mondiale: il s'agit de la côte ouest des Etats-Unis (Californie), la
Côte est (régions de Boston et de New York), du japon, de l'Allemagne
et de l'Angleterre. La France ne fait donc pas partie du lot. Lorsque
l'on sait par ailleurs que le regroupement de compétences dans une
région agit comme un aimant pour en attirer d'autres, provoquant un
effet boule de neige, on peut à juste titre se demander s'il est
encore possible de recoller au peloton.
Annie Kahn
Liste OBSDOC de la Commission Jeunes Chercheurs (CJC) :
-------------------------------------------------------
OBSDOC E-mail : mailto:obsdoc@siomsrv.obspm.fr
OBSDOC Archives : http://wwwusr.obspm.fr/commissions/cjc/arc/obsdoc/
CJC E-mail : mailto:Commission.Jeunes-Chercheurs@obspm.fr
CJC URL : http://www.obspm.fr/cjc