référence : http://wwwusr.obspm.fr/commissions/cjc/arc/obsdoc/2004-01/msg00021.html
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[obsdoc] lettre ouverte des expatries + appel aux post-doc aux USA Réza Samadi



Date: Fri, 30 Jan 2004 14:17:25 +0100 (MET)
From: Yael FUCHS <yfuchs@discovery.saclay.cea.fr>
Reply-To: Yael FUCHS <yfuchs@discovery.saclay.cea.fr>
Subject: lettre ouverte des expatries + appel aux post-doc aux USA
To: sf2a-jc@oamp.fr

	Bonjour,
	
	Les jeunes chercheurs ont defile en France hier, mais ceux a
l'etranger ne restent pas inactifs !
	- Un lettre ouverte au gouvernement a ete redigee par des expatries
de la recherche francaise. Je vous conseille de la lire, meme si c'est un
peu long, a la fin de ce message ou telecharger le fichier pdf:
http://wwwusr.obspm.fr/commissions/cjc/Documents/Lettre_Expatries.pdf
	- Un appel est lance pour les jeunes chercheurs aux USA (cote est).
cf ci-dessous...
	
		Yael Fuchs

	
------------- Begin Forwarded Message -------------

From: "Marc Reinholdt" <mreinhol@ux1.cso.uiuc.edu>
To: <hotdocs@jeunes-chercheurs.org>, <hd-expats@jeunes-chercheurs.org>
Date: Fri, 30 Jan 2004 00:36:36 -0600
Subject: HD:  actions aux USA

Bonjour à tous,

Si des expatriés aux USA, dans la région des Lacs et dans le Middle-West,
sont motivés pour effectuer une action de soutien au
collectif "sauvons la recherche" auprès du consulat de France de Chicago,
qu'ils me contactent afin de discuter de la meilleure
manière d'agir. Une action possible pourrait être d'organiser une
manifestation regroupant un maximum d'entre nous devant le
consulat. Un autre moyen pourrait également être comme l'a suggéré Pascal
Degiovanni de faire parvenir massivement nos témoignages à
un journal de grande diffusion comme le NY Times. De telles actions peuvent
être réalisés à travers tous les USA et au Canada, mais
afin d'avoir un impact, elles doivent être coordonnées. Que les personnes
motivés et prêtent à donner un peu de leur temps pour
l'intérêt commun se fassent connaître et que les autres transmettent le
message à leur connaissances. Plus nous serons nombreux plus
nous aurons d'impact.
Bien cordialement

Marc Reinholdt
Department of Geology
University of Illinois at Urbana-Champaign
1301 West Green Street
Urbana IL 61801
Phone : 217-244-2355
Fax : 217-244-4996
E-mail : mreinhol@uiuc.edu
Kirkpatrick's group webpage : http://www.geology.uiuc.edu/~kirkpat/



------------- End Forwarded Message -------------

Des expatriés de la recherche française.
BioDocs International
Biodocs.international@biodocs.net

Lettre ouverte au gouvernement

Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les ministres,

Objet : Solidarité et soutien des expatries de la recherche francaise.

	Nous savons tous qu une nation ne peut avoir ni développement
économique durable et stable ni rayonnement international sans un secteur
de recherche vaste et puissant. C est une activité coûteuse, à risque, mais
indispensable pour l économie d une nation.
	
	Alors qu une mobilisation sans précédent fédère de nombreux
chercheurs contre la politique d abandon de la recherche pratiquée par
votre gouvernement, nous souhaitons rappeler qu une part importante du
potentiel humain de recherche français travaille actuellement dans des
laboratoires étrangers. La majorité des jeunes chercheurs de notre
génération ainsi que de celle qui nous précède depuis 1990/1995 a vécu une
période dite de « stage post-doctoral » en Europe, en Asie et surtout aux
Etats-Unis. Nous souhaitons cependant préciser que ce terme de « stage »
est particulièrement inapproprié, car il concerne de jeunes docteurs ayant
déjà une expérience professionnelle de la recherche au minimum par la
thèse, voire par de précédents « post-docs ». Nos illustres prédécesseurs
sont d ailleurs fiers de voir que la jeune génération a fait exploser les
barrières nationales pour inscrire leurs recherches dans le cadre de
collaborations internationales souples et dynamiques. Mais notre expérience
à l étranger n est valable que si elle nous permet de rapatrier de nouveaux
savoir-faire.
	
	Aujourd hui nous nous posons tous la même question : pourquoi
préparer un retour en France pour un salaire plus faible et des conditions
de travail déplorables ? Le corollaire à cette question est : nos
concitoyens, par le biais du ministère des finances, ont-ils les moyens de
former des docteurs pour le reste du monde ? (le rapport Cohen-LeDéault
estime à environs 130 000 euros en moyenne le coût de formation d un
docteur).
	
	Ne pouvant venir participer à la mobilisation du 29 janvier 2004 en
faveur d une recherche française forte, nous voulons exprimer notre profond
malaise de cadres supérieurs expatriés, dont l expérience internationale
devrait servir le système de recherche et développement français, mais qui
risque d être perdue faute d audace de la part des décideurs économiques et
politiques, et donc faute d opportunités pour nous.
	
	Nous voyons partout, hors de France, des laboratoires académiques
ou des entreprises privées nous accueillir à bras ouverts preuve de la
reconnaissance de notre formation. Aux Etats-Unis et plus généralement dans
les pays anglo-saxons, il faut reconnaître que l insertion des docteurs
dans le marché de l emploi est facilitée par l unicité du système
universitaire (absence des écoles d ingénieur et de commerce); les
dirigeants de ces pays, ayant eux-mêmes souvent une expérience de la
recherche, favorisent bien plus la recherche et le développement au sein de
leurs entreprises. Les industriels français, issus en majorité des « écoles
», n ont pas eu de contact avec la recherche au cours de leur cursus. L
intérêt de développer une activité propre de recherche, ou le potentiel
formidable que constituent les coopérations avec les laboratoires publics
leur échappe trop souvent. Ils sont plus méfiants que curieux des avancées
que pourrait leur offrir la découverte scientifique. Cette frilosité est
encouragée par le désengagement de l Etat de la recherche publique. Pour
les mêmes raisons, l absence de docteurs dans la haute administration n
arrange pas l image de la recherche dans les cercles de pouvoir.
	
	On constate actuellement un départ progressif vers l étranger non
seulement des chercheurs à l origine des progrès scientifiques et
technologiques mais aussi des industries de pointe, notamment
pharmaceutiques. La France est sur le point de perdre sa compétitivité sur
des marchés clefs pour les années à venir : en n offrant pas de cadre
dynamique pour la recherche et l innovation, elle voit son meilleur atout,
son potentiel humain, s expatrier (400 000 européens travaillent
actuellement aux Etats-Unis dans le domaine de la recherche et
développement, Time Magazine, Vol. 163 No. 3, 19 janvier 2004). Aujourd hui
une majorité de chercheurs académiques français partent à la retraite. Les
indicateurs de niveau de publication montrent que ces derniers ont
contribué à établir de très bonnes performances pour la recherche
fondamentale française et européenne face au géant américain. Notre modèle
a donc la sagesse et l expérience requises pour gagner les courses
autrement !!!
	
	Et après tous ces départs ? la France baisse le rideau ?
Abandonne-t elle un système de recherche académique pérenne dont les
résultats sont bons, pour adopter le modèle anglo-saxon onéreux et instable
dans lequel la capitalisation locale du savoir faire est fragile, si ce n
est inexistante? Comme vous le savez, la précarité a un coût pour l
employeur et l absence de maintien d une continuité dans les laboratoires
engendre un gâchis important. Avons-nous les moyens comme le font les
américains, de faire travailler 5 post-doctorants en espérant en voir 1
seul produire de bons résultats ? D ici à 2010, les Etats-Unis prévoient de
recruter 700 000 chercheurs de plus (Time Magazine, Vol. 163 No. 3, 19
janvier 2004). Pensez-vous réellement mettre les moyens pour lutter de
façon frontale contre la débauche de moyens levée par les Etats-Unis ? Les
résultats d une telle approche en Europe sont notamment analysés dans la
revue Nature (Towards a German élite, Nature 427 , 271, 22 January 2004).
	
	Sans une action forte et coordonnée au niveau européen, la France
devra se résoudre à ne garder sur son territoire que les emplois répondant
à des services de proximité. Réduire les dépenses de recherche est une
fausse solution au problème du déficit. Le résultat de ces économies de
bouts de chandelles est la disparition d emplois hautement qualifiés, qui
ne peut qu immobiliser un peu plus notre pays, incapable alors de saisir
les chances offertes par les découvertes. Aujourd hui, la recherche
académique française étouffe. Ses architectes vous le disent depuis des
mois, ses petites mains le hurlent depuis plus de 5 ans
(http://cjc.jeunes-chercheurs.org/), ses collaborateurs étrangers s en
étonnent à chacune de leurs visites, et ses expatriés attendent en zone
franche quand ils n ont pas défait leurs valises une fois pour toutes.
	
	Cette situation n est pas irréversible, mais nécessite la
mobilisation rapide de moyens financiers et de plans d actions pour
redynamiser la recherche scientifique :
	1. Plutôt que d opposer caricaturalement les secteurs académique et
privé, nous devons aider à la diffusion des découvertes fondamentales vers
les niveaux industriels.
	2. Plutôt que de pratiquer une politique précaire de primes à la
création d entreprises innovantes, nous devons créer de façon durable les
environnements scientifiques, logistiques et financiers propices au
redéploiement des entreprises de haute technologie dans notre pays. Peu d
entre nous, croyez-le bien, seront candidats pour aller se casser le cou
dans la création d une start-up au milieu de pôles technologiques désertés
et sans avenir.
	3. Plutôt que de remplacer une partie des emplois stables par
quelques post-doctorants temporaires, nous devons promouvoir notre
spécificité qu est l emploi pérenne de scientifiques performants tout en
ajoutant un contingent de post-doctorants trop rares pour le moment dans
nos laboratoires !
	4. Plutôt que de dresser une image fausse d un secteur académique
fait de chercheurs fainéants et dépensiers, nous devons mettre en place une
véritable révolution dans la gestion des ressources humaines dans les
institutions académiques.
	5. Si tous les docteurs n ont pas vocation à faire de la recherche
académique, il est important de promouvoir leur recrutement tant dans les
entreprises que dans les administrations. Partout dans le monde
anglo-saxon, le docteur d'université est aujourd'hui un cadre supérieur
créatif et efficace; pourquoi pas en France ? Il est nécessaire de
reconnaître le titre de docteur dans les conventions collectives et dans la
haute fonction publique, d autant plus que l harmonisation européenne va
dans ce sens.
	
	L Europe est le cadre nouveau dans lequel la recherche française
doit implanter son avenir. Nous soutenons vigoureusement le souhait de la
Commission Européenne de doubler son effort de recherche et développement.
Cependant cela ne doit pas être un prétexte pour notre pays de réduire d
autant son budget de recherche. Cela doit être l occasion d investir de
nouveaux moyens en France pour accompagner l intégration des instituts
français dans la construction de l Europe de la recherche. Et si l
Allemagne entame elle aussi une refonte de sa recherche, alors travaillons
de concert avec elle (Towards a German élite, Nature 427 , 271, 22 January
2004) !
	
	Scientifiques français expatriés, nous voulons déclarer ici notre
solidarité et notre soutien pour nos collègues dont la mobilisation est
unique dans l histoire de la France.
	
	Mr le Premier Ministre, Mmes et Mrs les ministres, si la crise
actuelle n est pas transformée en tremplin pour l activité de recherche de
notre pays, alors les prochaines ruptures technologiques entre la France,
les Etats-Unis, et l Asie nous placeront du mauvais coté de la « fracture »
et nos gesticulations franco-françaises n y pourront plus grand chose.
	Nous souhaitons vivement que les négociations de votre gouvernement
avec le collectif « sauvons la recherche » soient fructueuses en vue d un
renouveau de la recherche française et européenne.
	
	Très sincèrement,
	
		Des expatriés de la recherche française.
	


-- 
Reza Samadi
___________
LESIA Observatoire de Paris-Meudon
Bat. 12, 5 place Jules Janssen, F-92195 Meudon, France
Tel : +33 (0)1 45 07 78 48      Fax : +33 (0)1 45 07 78 72

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