[obsdoc] Interrogations sur le sondage

[Marie-Christine Willaime <m-c.willaime@obspm.fr>]

Bonjour ,

J'ai reçu la semaine passée le sondage concernant les post-doctorants et
les doctorants. 
En le lisant attentivement, j'ai eu un sentiment plutôt mitigé, sentiment
qui s'est confirmé en discutant avec les personnes autour de moi, ce qui
explique le pourquoi de cette lettre.

Je ne comprends pas les motivations et les modalités de ce sondage. Les
explications données en introduction sont bien trop évasives pour me
satisfaire. Trois " communautés " signent ce sondage : la CJC , la SF2A et
l'Ecole Doctorale A&A Ile de France. Cela représente environ l'ensemble de
la communauté astronomique de France. Qui là-dedans va avoir accès à ces
informations ? Qui va les traiter pour donner quels résultats à qui ? Car
les questions posées dans ce sondage sont très subjectives. Elles portent
sur des sujets parfois très délicats ou très personnels. Je ne suis pas
convaincue qu'il faille que tout le monde puisse savoir le contenu exact de
chacune de ces réponses. Par exemple, le sondage est certes anonyme et je
ne conteste pas la volonté réelle d'anonymat de la part des organisateurs
de ce sondage, mais à partir du moment où sont demandés les dates 
(mois et année) de naissance et de soutenance de thèse du sondé ainsi que
son université d'origine, on peut réellement se demander s'il n'est pas
possible de casser cet anonymat ponctuellement… Pourquoi d'ailleurs
demander l 'université d'origine ? Pour faire un classement des universités
sur leur manière de s'occuper des post-doc ? 

Revenons sur la subjectivité des questions. Quel est le but d'un tel
sondage ? Est-ce pour répondre à une demande du ministère ? Est-ce une
continuité du forum sur les jeunes chercheurs qui a eu lieu l'an passé ?
Je pense avoir compris que ce sondage a pour vocation de faire une image du
mal-être des post-doctorants, chose 
que je ne conteste pas. C'est la manière et les questions posées qui
m'étonnent. A-t-on vraiment besoin d'un sondage pour savoir quelle va être
la réponse à la question : comment vivez-vous la séparation avec votre
conjoint ? Je conteste surtout la modalité des réponses. Les questions à
choix multiples simplifient certainement 
le dépouillement des résultats du sondage, mais que va-t-on tirer
véritablement d'une réponse " oui " ou " non " 
à la question sur les difficultés à obtenir des lettres de recommandation ?
Que doit-on conclure sur une réponse 
" très satisfaisant ", " satisfaisant " ou " un échec " à la question
concernant l'insertion professionnelle ? De telles questions méritent des
commentaires, justifications et suggestions de la part du sondé, sinon
elles n'ont aucun sens et ne donneront comme interprétation que celle que
le sondeur voudra bien leur donner !

Enfin, j'aimerais que l'on m'explique quelle est la valeur d'un tel sondage
en terme de complétude. Nous passons en tant que scientifique notre temps à
faire des sondages sur des échantillons en prenant bien soin à ce qu'ils
soient significatifs, avec le moins de biais possible… Qu'en est-il de ce
sondage ? Est-il réellement envoyé à tous les post-doctorants et anciens
définis dans l'introduction du sondage ? N'y aura-t-il aucun biais dans les
réponses qui seront obtenues ? Il y a un besoin concret d'informations sur
le devenir des post-doctorants, mais d'informations quantifiables,
vérifiables, complètes. Il existe des indicateurs de la difficulté de ce
statut, par 
exemple, quel est l'âge moyen des recrutés CNRS, CNAP et université?
Combien d'années de post-doc et combien de post-doc ont-ils eu à " subir "
?  Au bout de combien d'années après la thèse ceux qui sont partis vers le
privé se sont-ils décidés à le faire ? Combien de temps ont-ils attendu
avant de trouver un emploi ?
Y a-t-il eu période de chômage ? CDI ou CDD ? Et, bien sûr, comment tout
cela a-t-il évolué au cours des dernières années ? Ce sont des 
indicateurs fiables et incontestables, il y en a certainement d'autres, et
les conclusions que l'on peut en tirer sont solides. Je suis sure que ces
informations existent ou sont accessibles dès lors qu'il y a volonté de les
avoir, mais j'ai l'impression que les doctorants ne les ont pas en main.


Je ne suis que marginalement concernée par ce sondage puisqu'ayant  été
recrutée il y a 5 ans révolus. Mais en l'état actuel des choses, même si je
le devais, je n'y répondrais pas.


Marie-Christine Willaime
Observatoire de Paris




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